Nos Prochains Rendez-Vous


7 AVRIL 2024

KYÔGEN à PARIS !!!

Merci à toutes les personnes venues assister au théâtre Kyôgen hier, le 7 avril !
Votre présence a rendu la salle très vivante, et nous avons pu partager ensemble la joie et l’humour du Kyôgen. Cette fois-ci, nous avons eu le plaisir d’accueillir plus de 450 spectateurs !!

Nous serons de retour en novembre 2024, plus précisément le dimanche 17 novembre !
Nous avons hâte de vous retrouver au théâtre, et d’accueillir ceux qui découvrent le Kyôgen, pour une expérience drôle, poétique, et ancrée dans une longue tradition !

Kyôgen à PARIS !

A vos agendas !  Voici notre quatrième représentation ! Grâce à vous, nous poursuivons notre évolution et essayons de nous améliorer chaque fois pour vous apporter entière satisfaction !

Notre prochain spectacle de théâtre Kyôgen se tiendra le 7 avril 2024 à Paris


Cette fois-ci, nous vous présenterons deux chefs-d’œuvre classiques du Kyôgen, des pièces renommées alliant comédies bouffonnes et éléments musicaux.

Le spectacle est en japonais, mais entièrement traduit et sur-titré en français

« Le Son de la Cloche » ( 鐘の音 )
Pour célébrer la majorité de son fils, un maître décide de lui offrir un sabre avec une gaine dorée. Il ordonne à son serviteur, Tarô-Kaja, de se rendre à Kamakura pour se renseigner sur le « prix de l’or »( Kané no né ). Cependant, Tarô-Kaja, étant un peu maladroit, confond et comprend « le son de la cloche » ( Kané no né ). Il visite alors divers temples à Kamakura, comparant les sons de leurs cloches. De retour à la maison, il rapporte fièrement les sons des cloches des temples, mais le maître, loin d’être satisfait, le chasse de la maison. Le pauvre Tarô-Kaja se retrouve dans l’embarras…

C’est une œuvre classique de kyôgen qui transmet bien l’ambiance du genre. Avec des éléments de pantomime variés, de la musique et de la danse, cette pièce permet de pleinement apprécier le charme du kyôgen.

« Le Saké de ma Tante »
Un neveu, amateur de saké, dont la tante tient une boutique de saké. Il lui rend souvent visite pour quémander du saké, mais elle hésite à lui en donner. Lors d’une nouvelle visite, il essaie de la flatter habilement sur la qualité de son saké pour en obtenir, mais elle refuse, car elle n’a pas encore commencé à vendre le nouveau saké. Le neveu, rusé, lui fait peur en prétendant qu’un démon rôde dans les parages…

Dans le kyôgen, de nombreuses pièces ont le saké pour thème, mais celle-ci est particulièrement représentative. Le masque utilisé dans cette pièce est le « Buaku-men », un masque traditionnel représentatif du kyôgen.

Venez découvrir ces histoires pleines d’humour et de rires!
Réservez vos places maintenant pour une soirée inoubliable à Paris !

Qu’est ce que le Kyôgen ?

Découvrez le Kyôgen, une forme théâtrale japonaise née il y a 700 ans, qui a traversé les âges sans jamais s’éteindre. C’est l’un des plus anciens théâtres encore joués aujourd’hui, un véritable joyau classé au patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO.

Le Kyôgen, c’est un cocktail explosif : dialogues ciselés, chants envoûtants, danses hypnotiques, musique enivrante, humour piquant et tristesse poignante. Un véritable kaléidoscope des émotions humaines !

Les scènes, jouées généralement par 2 à 3 personnes, peuvent parfois rassembler jusqu’à 50 acteurs dans un tourbillon de vie. Et pourtant, la scène reste presque vide, un canevas neutre qui stimule l’imagination du public, faisant écho à l’esthétique Wabi-Sabi, cette beauté dans la simplicité et l’éphémère.

L’histoire du Kyôgen, souvent comique, plonge dans le quotidien des Japonais du XIVe siècle. Mais sa magie réside dans son universalité, touchant le cœur des spectateurs du XXIe siècle. Entre rires et larmes, vous trouverez une étonnante familiarité avec les personnages.

Le Kyôgen, c’est plus qu’une comédie. C’est un miroir de la vie, avec ses imperfections et ses beautés. C’est une célébration de la vie dans toute sa splendeur !

Plongez dans l’univers du Kyôgen, et laissez votre vie se parer de mille couleurs. Venez découvrir, rire, pleurer, et enrichir votre vie avec le Kyôgen. Une expérience inoubliable vous attend !

ACTUALITES

TOKONOMA MAGAZINE

Entretien avec Hiroaki OGASAWARA
Publiée par Alice Mercier le 09 juin

COURS DU KYÔGEN

Alors, n’hésitez pas à venir voyager dans le monde de l’imaginaire et rire avec nous !

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Kyôgen

est une forme théâtrale traditionnelle japonaise qui est né il y a 700 ans et qui s’est transmis jusqu’à aujourd’hui sans aucune interruption !

Il s’agit donc une des plus vieilles de théâtres de l’humanité encore jouer aujourd’hui….!!

Kyôgen a été choisi comme le « Patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO en 2001 !

VENEEZ DÉCOUVRIR LE KYOGEN !!!

I – Des origines jusqu’à aujourd’hui

Naissance du Kyôgen : Du Sangaku au Sarugaku

Revenons plus en détails sur les origines du Kyôgen et donc du  pour en comprendre son évolution. Le Kyôgen et le  naissent durant les périodes Kamakura et Muromachi au 14e siècle (se référer au tableau historique plus bas). Ce sont les seuls divertissements au monde dont les traditions sont toujours transmises après 650 ans d’âge.

Nous pouvons retracer les origines antiques du Kyôgen à travers deux formes de divertissement venant de Chine : 

Le Kagura, une forme ancienne de danse shinto accompagnée de musique ;

Le Sangaku, lui-même influencé par le Gagaku, qui désigne l’ensemble des répertoires de musique de cour, et le Gigaku, un théâtre de masques. 

Le Sangaku, nom générique d’une série d’arts de la scène importés de la Chine vers le Japon au 8e siècle, inclut bon nombre d’arts dits du spectacle vivant comme la danse, la magie ou l’art du cirque (acrobatie, jonglerie) accompagnés de musique (taiko). Par la suite, il assimilera d’autres formes d’arts traditionnels pour s’adapter à la société japonaise. 

Le Sangaku perd le patronage des gouverneurs qu’il avait acquis pendant la période Heian lorsque la capitale est transférée de Nara à Kyôto. Il devient alors populaire auprès du peuple. Ses mimiques humoristiques deviennent le centre de l’attention et le mot passe de la prononciation Sangaku à Sarugaku (« Saru » veut dire « singe » tandis que « gaku » signifie « divertissement ».

Le Sarugaku se divise donc en deux théâtres qui s’opposent et se complètent tel un clair-obscur : le  qui hérite de la partie tragique et le Kyôgen qui hérite de la partie comique. Tandis que le  s’organise autour de la musique et de la danse, le Kyôgenest une pièce dialogique, principalement orale dont le jeu est extrêmement physique.

Le Sarugaku a été affiné par Zeami, génie sans pareil, pendant la période Muromachi. Zeami est un théoricien du  dont il énonce tous les grands principes esthétiques (costumes, masques, gestuelle etc.) et l’un des plus célèbres dramaturges japonais. 

A la période Edo, le Sarugaku devient le gaku jusqu’à l’ère Meiji. Le Kyôgen passe alors sous le patronage des Shôguns Tokugawa et gagne en popularité auprès de la classe des samouraïs dont il devint l’art privilégié. A cette époque naissent les premières écoles de Kyôgen ainsi que l’idée, pour le Kyôgen comme pour le , d’un théâtre esthétique. C’est également à ce moment-là que les premières règles scénaristiques et scéniques sont établies (1642 : date du premier scénario daté).

Mais l’ère Meiji est signe de bouleversement total avec l’ouverture forcé du Japon au reste du monde. La classe des samouraïs est dissoute et le Kyôgen et le  perdent leur statut privilégié. L’école Sagi disparaît et les acteurs tentent tant bien que mal de survivre. Une renaissance du genre Kyôgen apparaît avec quelques acteurs obtenant des faveurs de certains membres de la haute société. Mais ce n’est qu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale que la vraie renaissance s’opère. Après cette période douloureuse de l’histoire japonaise, le public panse ses blessures auprès de ce théâtre qui les divertit et les aide à oublier les horreurs de la guerre.

En 1957, le gouvernement japonais déclare le théâtre Nôgaku comme étant un « Bien culturel immatériel important » et garantit une protection juridique à ce théâtre traditionnel et à tous les professionnels qui le pratiquent et en transmettent les principes. C’est également à ce moment-là que le Kyôgen prend son indépendance et se détache du théâtre 

En 2008, le Kyôgen et le  sont inscrits sur la liste représentative du Patrimoine culturel immatériel de l’Humanité.

Tableau historique

Tableau historique

Les différentes écoles et celles qui subsistent aujourd’hui

Chaque école présente une variante des pièces du répertoire Kyôgen.

Les différentes écoles sont nées pendant l’ère Edo (1603-1868). Les écoles Okura et Sagi sont directement sous l’égide du Shôgun tandis que l’école Izumi, installée dans la région de Tokyo, est fondée par Yamawaki Izumi no Kami Moyotoshi à Owari (préfecture d’Aichi). Son style fut suivi à Nagoya et à Kyoto.

C’est également à cette époque que s’établissent les familles les plus importantes concernant le Kyôgen : les Nomura, les Shigeyama et les Yamamoto. Ces trois familles sont encore actives aujourd’hui.

Il y a, de nos jours, deux écoles de Kyôgen qui ont survécu à l’époque Meiji, les écoles Izumi et Okura dont l’héritage se transmet de père en fils (l’école Sagi ayant disparu au cours de l’ère Meiji) :

Izumi-ryu
le style Izumi
représenté et maintenu, entres autres, par le clan de Nomura Manzo (Tokyo), le clan Nomura Matazaburo (Nagoya) et la Coopérative du Kyôgen (Nagoya). Cette école compte plus de 20 acteurs à son actif 
Okura-ryu,
le style Okura
représenté et maintenu par le clan Shigeyama Sengoro (Kyoto), le clan Shigeyama Chuzaburo (Tokyo) et le clan Yamamoto Tojiro (Tokyo) et bien d’autres. Cette école compte plus de 70 acteurs

Les deux écoles se partagent 174 pièces, chacune dans son propre style.

La transmission du Kyôgen ou l’apprentissage du rôle d’acteur : « Du singe au renard »

Si le Kyôgen a survécu jusqu’à l’époque contemporaine, c’est parce que ces écoles sont régies par des familles où s’effectue et se transmet le métier d’acteur. La famille Nomura, aujourd’hui Trésor National vivant, est un parfait exemple de cette transmission filiale.

Mansaku Nomura est le second fils de Manzô Nomura VI. Il a étudié le Kyôgen avec Mansai Nomura I, son grand-père et Manzô Nomura, son père. Il est appelé Manzô VII. La numérotation des noms est une coutume pour assimiler les techniques et idées du précédent maître et être apte à les transmettre.

Diplômé de littérature Japonaise à l’Université de Waseda, Mansaku Nomura, dit Manzô VII, est depuis un leader essentiel dans le monde du Kyôgen, conservant cet art théâtral tout en apportant des idées nouvelles. Une de ses récentes œuvres en sa qualité de metteur en scène est « The Braggart Samuraï », une adaptation Kyôgen de l’œuvre de Shakespeare, « The Merry Wives of Windsor ». Il a ainsi grandement contribué au développement du Kyôgen à travers le monde depuis les années 1960 notamment via des ateliers dans des universités ou par le biais de nombreuses performances dans des théâtres italiens, chinois, coréens, etc. 

Mansai Nomura, son fils, dit Manzô VIII, travaille directement dans cette optique et pousse plus loin les frontières entre théâtre d’Occident et théâtre d’Orient, théâtre classique et théâtre contemporain, en fondant les uns dans les autres pour la création d’œuvres uniques.

Pratiquer le Kyôgen, c’est avant tout obéir à un cycle d’apprentissage très précis qu’un proverbe métaphorise comme suit : il faut « commencer comme singe et finir comme renard ». Les acteurs commencent leur carrière à un très jeune âge (aux alentours de 3-5 ans) en jouant le rôle du singe (靭猿, utsubozaru Le singe et le carquois). Ils n’achèvent leur formation qu’en ayant interprété le rôle du renard (釣狐, tsurigitsune Le renard et le trappeur).

utsubozaru
tsurigitsune

Le Kyôgen est un théâtre de tradition orale et s’apprend par l’intermédiaire d’un maître qui enseigne les répliques associées. L’imitation (真似, mane) est donc la base de l’enseignement mais cette imitation n’est pas sans réflexion. L’élève doit s’approprier la technique tout en la recréant. Il s’agit d’une reconstruction du jeu et l’élève doit « subir » cette transformation et la sentir dans sa performance. 

Il y a ainsi un ordre d’apprentissage pour arriver à cela. Les élèves commencent en imitant leur maître et en prononçant avec une certaine intonation des mots et des lignes de répliques. Après avoir accompli cela, ils sont prêts pour imiter les mimiques d’acteur du maître et se déplacer sur scène de la même façon. Cette partie de l’apprentissage est intense pour que les élèves puissent jouer de façon automatique une scène. Il est d’ailleurs important de respirer avec le ventre et de parler avec une voix forte lors des performances. Tout le corps est en mouvement, même et surtout, pour le rire.

Le Kyôgen n’est pas seulement une histoire de transmission des traditions, il évolue et s’adapte en fonction des mentalités et des générations. C’est ainsi que la danse et le chant ont pris une part importante pour la famille Nomura dans les pièces de Kyôgen. Depuis lors, des écoles se sont ouvertes, notamment à l’Université de Washington et d’Hawaï. L’international et donc l’ « étranger » a également son essence à apporter au Kyôgen ce qui contribuera d’autant plus à sa transmission et à sa pérennité.

II – Caractéristiques d’un dialogue comique

Les thèmes

Comme on l’a vu dans sa définition, le Kyôgen se base avant tout sur des situations de la vie quotidienne et représente ainsi le peuple. Il rapporte des légendes de campagne et les déforme pour en faire des situations comiques. En cela, nous avons vu que le Kyôgen se rapproche sensiblement du théâtre profane français du Moyen-Âge ou encore du théâtre oral italien Commedia dell’Arte. Théâtre bouffon mais surtout théâtre satirique, tout ou presque est sous le signe du ridicule et du grotesque (moines, seigneurs dits daimyo, marchands, paysans, esprits, etc.)

Ces scènes se déroulent à une époque révolue, l’époque féodale mais les thèmes abordés sont intemporels et prêtent à rire lorsqu’on les transpose à notre époque : les farces autour de l’alcool, l’antagonisme maître-valet (Shomyô-Kyôgen) qui se reflète maintenant entre le patron et son employé (Shachô-Buka), les querelles de couple (Onna-Kyôgen), etc.

Les thèmes qui y sont abordés font du Kyôgen un art de l’exagération par essence mais, souvenez-vous, les « folles paroles » en sont maîtrisées et c’est ce qui en fait un art en clair-obscur, profondément contrasté entre improvisation et stylisation. L’excessif et le rire sont schématisés à travers des règles esthétiques. La qualité des mouvements du corps et de la diction et la nuance des expressions domptent la « folie » des situations mises en scène et captent ainsi l’auditoire par ces simples gestes et paroles. C’est le sentiment qui en découle et prend vie qui importe plus que l’histoire en elle-même. En cela, l’humour est le fil conducteur et le moyen par lequel ce théâtre survit et se perpétue.

Stylisation du rire

Le Kyôgen a donc une parfaite maîtrise de l’humour. Il stylise ainsi le rire en trois grands types :

Le rire de félicité (祝言の笑い) : un rire « de récompense » car il amène le bien-être à celui qui le produit. Comme dit le proverbe « Le bonheur appartient à ceux qui savent rire » ;

Le rire satirique (風刺の笑い) : un rire moqueur car il vise les faiblesses et les travers des êtres humains qu’il dépeint de façon grotesque et exagérée ;

Le rire de plaisir (和楽の笑い) : ce rire, sophistiqué, a une portée philosophique. Il s’agit de rire non seulement de ce qui paraît drôle mais, d’un sourire tranquille incluant une joie profonde, un plaisir à rire lié à un état de sérénité.

Dans le contenu même des pièces, les situations donnent lieu à différents procédés comiques ce qui témoigne de la richesse des subtilités linguistiques de cet art du rire :1. Comique de situationrire d’une fin de catastrophe (Ex : Inabado) ;rire d’un retournement de situation (Ex: Turibari) ;rire d’un résultat inattendu (Ex : Chatubo) ;rire d’un quiproquo (Ex : Sannin Katawa) ;rire de la révélation d’un contrefait (Ex : Niou) ;rire d’une parodie (Ex : Tsuuen).2. Comique excentrique (Ex : Tsuribari, Kaminari)3. Comique de motsjeux de mots et comique de langage (Ex : Shuuku Garakasa) ;dialecte local (Ex : Gan Daimyo) ;onomatopées et mimiques (Ex: Bonsan) ;exagérations du langage (Ex : Hagi Daimyo).4. Comique de gestespantomimes (Ex : Tsuri Gitune) ;exagération des actions et jeux de scène (Ex : Busu) ;expression des acteurs ;contrastes et déséquilibres (Ex : Hige Yagura).5. Comique satiriqueridiculiser un prêtre (Ex : Huenai Kyou) ;dénigrer la religion (Ex : Shuron) ;rire de l’incapacité d’un moine bouddhiste (Yamabusi) ; se moquer des comportements hautains à l’égard des serviteurs ;ridiculiser les maîtres qui pratiquent l’injustice (Ex : Sado Gitsune) ;ridiculiser les marchands fourbes et malhonnêtes (Ex : Awase Gaki).6. Sourire chaleureux, tout en émotion pour toucher le cœur du publicLes personnages du Kyôgen sont avant tout humains et inspirés de l’Humanité en règle générale (Ex : Konusubito, Utubo zaru).7. « Waraku » ou le plaisir de rireCette étape amène une atmosphère joyeuse et plaisante sur fond de chansons Kyôgen. Ce rire a une portée philosophique car il désigne un sentiment profond, un état de plénitude que l’on atteint par la seule joie de voir du Kyôgen :atmosphère joyeuse, satisfaction (Ex : Hukunokami) ;bien-être avec des chansons rythmiques (Ex : Kagyu) ;jouir de l’instant présent avec les chansons et les danses des acteurs (Ex : Hino Sake).

Langage et jeux scéniques

Le langage du Kyôgen est basé sur celui utilisé à l’époque Muromachi (1336-1573) ce qui au final, colle avec le Moyen-Âge français. Il s’agit donc d’un dialogue comique, souvent accompagné d’un jeu plus physique, proche de la pantomime et d’une profonde caractérisation de l’histoire. Les mouvements sont exagérés mais finement contrôlés pour inspirer le rire, objectif final du Kyôgen. Toute la subtilité du langage du Kyôgen est d’éviter, selon Zeami :

la vulgarité qui est un humour négligé dans le seul but de choquer ou d’entraîner le mauvais regard. Mais grotesque n’est pas grossier. L’objectif du Kyôgen est de faire rire de ce qui est risible et ridicule mais sans être cru. De ce fait, les subtilités langagières sont nombreuses et font entrer en jeu d’autres sentiments comme la sympathie, la nostalgie et même la tristesse, sentiments impensables lorsque le rire ne se base que sur la vulgarité ;

le sarcasme ou l’ironie qui visent à blesser. Dans le Kyôgen, la satire est utilisée dans le but de tourner en dérision mais elle porte toujours à faire réfléchir sur le sujet dont elle se moque. Le Kyôgen explore également des questionnements philosophiques sur la profondeur de la nature humaine, d’où la richesse de son expression et les subtilités de son langage.

Personnages mises en scène

Les personnages mis en scène ont rarement des noms et représentent plus des caractères que des personnages en question. Il s’agit avant tout de personnages types.

En voici une liste non-exhaustive :

Dieu : doté de sentiments familiers et humains (Ex : Fuku no Kami, le Dieu du Bonheur) ;

Kaho-mono, l’homme riche (Ex : Suehirogar, avec un parapluie au lieu d’un éventail) ;

Le fermier, sur les récoltes heureuses et non sur sa vie quotidienne (Ex : Sadogitsune , le renard de Sado ) ;

Taro-Kajya (et Jiro-Kajya) : les personnages les plus communs, généralement des serviteurs, pas tout à fait idiots mais généralement plus malins que leurs maîtres (Ex : Bo-shibari lié à un bâton) ;

Daimyo (le Maître) : il est le maître du Taro-Kajya. Souvent dépeint comme malin et cupide, il peut aussi être aimable et innocent (Ex : Hagi Daimyo : La daimyo et le trèfle) ;

Yamabushi : c’est le moine bouddhiste vivant comme un ascète dans les champs et les montagnes. Souvent il révèle l’ignorance et la faiblesse (Ex : Kaki Yamabushi : Le voleur de kakis) ;
yamabushi

Oni (démon) : aimable lorsqu’il a un masque nommé Buaku avec des yeux de mouton (Ex : Setubun ; Un démon amoureux) ;

Muko (le groom) : il fait souvent de grosses bourdes car il manque d’expérience (Ex : Futari Bakama : Deux personnes, un hakama) ;

Le mari et sa femme : suivant toujours le schéma du mari soumis et de la femme castratrice (Ex : Inabado : Une mauvaise épouse c’est comme de l’argent sale) ;

Le prêtre : il est toujours corrompu et avide d’argent (Ex : Fuse Nai Kyo : Un sermon sans donation) ;

Le handicapé : presque toujours une personne aveugle (Ex : Kawakami : Cécité, Vue et à nouveau Cécité) ;

Une personne âgée : expression des griefs quand on prend de l’âge (Ex : Makura Monogurui (Un grand-père amoureux) ;

Le voleur : stupide et simple d’esprit. Il termine toujours mal (Ex : Uri Nusubito (Le voleur de melons) ;

Le marchand (Ex : Su Hajikami (Vinaigre et Gingembre).

III – Mise en scène du Kyôgen

Il y a deux formes de Kyôgen :

Ai-Kyôgen (間狂言, que l’on peut traduire par Kyôgen d’entre-deux) : la pièce fait partie du  et a un rôle d’interlude. Il y a trois façons de la jouer : entre deux scènes de  où un seul acteur est sur scène et entame un monologue où il explique les avancements de l’histoire pour garder le public en éveil ; au début de la pièce de  où l’acteur ouvre l’acte en expliquant l’histoire ; de temps en temps où l’acteur de Kyôgen peut avoir un rôle de soutien dans la performance du  ;

Hon-Kyôgen (本狂言, le vrai Kyôgen, le Kyôgen original) : il s’agit de spectacles distincts qui se jouent entre deux actes de  et non entre deux scènes. Cette fois-ci, cet intermède est une réelle pause pour permettre au spectateur de se remettre de la pression dramatique du . Trois acteurs sont en scène et entament une farce comique.

L’utilisation de l’éventail

Le Kyôgen se définit avant tout par sa simplicité et est donc dépourvu d’accessoires ou quasiment.

L’accessoire principal est l’éventail (ôgi). Il est une composante importante dans la mise en scène de la pièce Kyôgen. Il peut symboliser différentes choses ou actions comme la bouteille de saké, le verre de vin, les baguettes, l’écriture, l’épée, un arc ou même une scie. A l’inverse de nos mises en scène, le décor est sobre de façon à ce que le spectateur se concentre sur l’interprétation de l’acteur plus que sur les accessoires.

D’autres accessoires symboliques peuvent également être utilisés (le kazura-oke par exemple servant à symboliser le tonneau à saké au cours des scènes d’ivrognerie).

En plus de ces accessoires, l’acteur de Kyôgen imite les sons. Par exemple, si l’acteur est en train de verser du saké, il va utiliser une onomatopée en japonais qui imite ce son 

(dobu, dobu, dobu, dobu).

L’éventail associé aux sons permet aux spectateurs d’imaginer tout ce qui se passe sur scène et de prendre part ainsi à l’interprétation de la pièce.
funfun

Les masques et costumes

La plupart des pièces de Kyôgen n’ont pas recours aux masques. On répertorie environ une cinquantaine de pièces qui les utilisent dans leur mise en scène et pour lesquelles, il y a environ une vingtaine de masques. Il y a très peu de masques « humains » car la plupart du temps ils sont utilisés pour les personnages non-humains de type animaux, dieux, esprits, fantômes, démons et autres créatures extraordinaires. L’une des raisons pour lesquelles on porte peu le masque dans le Kyôgen, est que l’acteur utilise beaucoup d’expressions faciales pour créer les effets comiques et les émotions contrairement au , qui reste quasi inexpressif pour faire durer le côté dramatique de la situation. Ces masques ont un design particulier qui doit prêter à rire pour le spectateur, soit en arborant un sourire, soit en affichant une expression exagérée 

Photos de masques types :
http://www2.ntj.jac.go.jp/unesco/noh/en/masks-costumes/mask.html#b

Les costumes sont, quant à eux, beaucoup plus sobres que dans le  qui prône l’élégance. Leur design est simple, bien que peu conventionnel dans leur forme et réalisé à partir de ce que portaient les gens ordinaires pendant le Moyen-Âge japonais. Les couleurs sont vives et les motifs exubérants pour attirer l’œil du spectateur. Les costumes sont adaptés au type de personnage interprété.

On distingue ainsi plusieurs costumes :

Kyogen kataginu,jutoku, naga-goromo, kaki-baori : les pardessus extérieurs ;

Shima-noshime : le kimono intérieur ;

Hakama : le pantalon.

Photos de costumes types :
http://www2.ntj.jac.go.jp/unesco/noh/en/masks-costumes/costumes.html#b

L’espace scénique et les déplacements

L’espace théâtral est assez simple et le Kyôgen n’a pas besoin d’un large espace pour être joué. La scène est la même que celle du  mais contrairement à celui-ci, elle est vide, sans musicien ni chœur. Comme pour les accessoires, l’absence de décor contribue à renforcer l’intérêt des spectateurs pour le jeu des acteurs. C’est leur interprétation qui permet aux spectateurs de se figurer la mise en scène, le jeu correspondant avant tout à la propre perception de l’acteur sur l’histoire qu’il joue. 

stage

Il y a en général deux à trois protagonistes sur scène pour chaque phase du récit. Les acteurs de Kyôgen expliquent tout ce qui se passe dans la pièce par leurs paroles et leur façon de jouer. L’interprétation du spectateur reste donc libre, selon sa sensibilité propre et ce qu’il comprend de la scène. Dans ce sens, le spectateur fait partie, lui aussi, de l’espace scénique. L’imagination est maximisée dans une pièce de Kyôgen.

Lorsqu’il se déplace sur la scène, l’acteur de Kyôgen peut alors jouer sur l’espace et le temps qu’il change instantanément selon ses déplacements.

En voici un exemple :

« Je dois me dépêcher. Je ne suis jamais vraiment allé à Paris. / 

Il n’y a rien de plus amusant que de voyager dans le monde. Je suis certain que je vais apprécier cette journée. / 

Eh bien, je suis déjà allé à Paris ».

En quelques lignes, l’acteur a vécu l’expérience du voyage à Paris dans cette scène.

Les chants

Il y a environ 70 chansons de Kyôgen. Il y a deux sortes de chansons :

Les unes puisent leur source dans le  ou sont une parodie du  ;

les autres sont des anciennes chansons médiévales.

Chaque chanson est accompagnée d’une danse. La pratique du Kyôgen commence toujours avec le chant et la danse avant l’interprétation théâtrale à proprement parler.

Annexe 
Lexique spécifique

Termes relatifs au Kyôgen

Shitel’acteur principal
Adole rôle opposé à l’acteur principal
Tachishutous les autres personnages sur scène
Kokatale rôle joué par un enfant
Koukenle personnage qui porte un hakama sur scène et tambourine, dont la responsabilité est d’aider à la représentation sur scène. Ses devoirs incluent d’amener les objets utilisés sur scène et de s’assurer que les costumes sont portés correctement, etc.
Omoteles masques. Ils ne sont pas souvent utilisés au Kyôgen alors que c’est le cas pour le Nô. Dans le Kyôgen, il y a des masques qui représentent des dieux, des démons, des esprits, des personnes âgés, des animaux mais également des émotions comme la joie, la colère, la tristesse, le ravissement. Les expressions sont riches et assez rustiques car elles ont une forte qualité humoristique intrinsèque
ShouzokuLes costumes portés par les acteurs sur scène. Le Kyôgen a beaucoup d’éléments simples ce qui le sépare grandement du Nô